Comme
Janvier 1943.
Ils l'ont décidé ainsi, depuis Rouen - où ils travaillent au cirque stable avec la troupe d'Amédée RINGENBACH - les GRUSS prennent le train pour le Pays de Montbéliard où les attend Lucien JEANNET. Ils partent avec les enfants, les malles de costumes et de matériel, leurs quelques biens et leur cheval, une jument pie appelée Baronne. Un commis est avec eux : Louis Blin.
Persuadé par Alexis de les suivre, Philippe RICONO les accompagne avec son épouse Suzanne et son propre cheval.
A l'aube, ils quittent discrètement Rouen et le cirque, sans rien dire à personne.
Leur train part, traverse les
régions enneigées et prises dans la tourmente nazie, pénètre en Franche-Comté,
s'arrête à toutes les gares, grandes ou villageoises : Besançon...
Roulans... Baume les Dames... Clerval... L'Isle-sur-le-Doubs...
Voujeaucourt (village proche de Montbéliard et à proximité de Bavans où
habitent les JEANNET).
Leur ami est là. Quelle joie de se revoir ! Lucien JEANNET, Alexis et André GRUSS, Philippe RICONO, se serrent dans les bras l'un de l'autre. Epouses et enfants sont de la partie et le personnel de la gare de Voujeaucourt assiste, inconsciemment, à la naissance d'une aventure fabuleuse.
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Et sans attendre, dès le quai de la gare, l'aventure commence... avec fracas !
Les GRUSS n'ont pas payé les frais de transport pour les chevaux. Ils les ont embarqués en disant aux autorités que tout serait réglé, à l'arrivée, par la personne concernée. On pourrait dire qu'ils les ont "envoyés en contre-remboursement des frais de port".
Jusqu'ici pas de problème ; mais ce à quoi ils n'ont pas pensé, c'est que Lucien n'a plus d'argent - après avoir acheté un cirque en entier, il n'a plus rien, son foyer vit uniquement avec les revenus d'Eliane - donc il ne peut pas payer. Conclusion : ils ont l'interdiction de faire débarquer les chevaux et nos voltigeurs équestres se retrouvent sans montures !
On
parlemente mais rien à faire, le
chef de gare reste inflexible : "Il faut payer, c'est la
Loi". Les conversations tournent alors à
l'invective furibonde, l'ambiance devient explosive et il
faut retenir Alexis vociférant qu'il va envoyer "une chique dans la
gu... de ceux qui sont en face" !
Lucien
trouve alors un subterfuge et propose de faire décrocher le wagon-bétaillère
et de l'immobiliser dans un dock de la gare de Voujeaucourt, jusqu'à ce qu'il trouve l'argent nécessaire. Le chef de gare acquiesce en désespoir de cause. Dans la demi-heure qui suit, le wagon est remisé et le train peut repartir. Les chevaux sont soignés. Lucien demande à des cheminots de confiance de les surveiller "nuit et jour" et notre
grande famille du cirque, un peu soulagée, se met enfin en route pour Bavans, à
la maison des JEANNET, déjà toute prête pour les recevoir.
Souvenons-nous
que cette maison est grande (l'équivalent d'un F7 d'aujourd'hui plus
toutes les dépendances), cossue, tenue dans une propreté
consciencieuse digne de la sage-femme qu'est Eliane JEANNET ; et d'un
seul coup une avalanche de mouvements, de gosses qui courent
partout et touchent à tout, de rires, de pleurs, de
discussions, de questions, de portes qui claquent,
d'appels, de cris, secoue la demeure des écuries au grenier ! Un
remue-ménage des plus parfaits. La petite Arlette JEANNET, qui a 10
ans, est enchantée de ses nouveaux copains et copines du cirque : Yolande (3 ans), Rodolphe (5 ans),
Philippe (8 ans) et Arlette (12 ans). Ils vont bien s'amuser !
Et tandis que Lucienne GRUSS, Maud GRUSS et Suzanne RICONO aident "Madame JEANNET" à la cuisine, elles apprennent à se connaître dans une atmosphère bon enfant mais néanmoins sérieuse pour nos trois futurs directeurs qui doivent préparer le matériel et la tournée.
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Le deuxième jour, Eliane JEANNET aux commandes, tous les enfants sont lavés et épouillés (chose courante en cette période de guerre) dans une ambiance joyeuse et turbulente. Brosses, éponges et savons sont à l'honneur ! Draps et vêtements sont bouillis puis bien repassés. Chacun est soigné et dorloté, y compris les adultes.
Cela plait tellement au petit Rodolphe GRUSS qu'il ne cesse de dire à Eliane, en souriant et avec son charmant zézaiement : "Oh, Madame Zeannet, on est venu sé vous plein de poux et plein de gale et vous nous zavez lavés !! " tandis que, sous cape, les deux Arlette avec Philippe se tordent de rire de l'entendre. Or si les uns se marrent, un autre s'amuse beaucoup moins de cette rengaine. Dans la soirée, papa Alexis en a assez de l'entendre et donne une fessée à Rodolphe pour mettre fin à ce candide leitmotiv !
Il faut dire
que nos circassiens sont sur les nerfs : depuis deux jours, leurs
chevaux sont toujours sous surveillance à la gare et Lucien n'a
trouvé personne pour lui prêter l'argent nécessaire. La situation est désespérément bloquée.
Au troisième jour, le chef de gare en a assez. Il fait appel à Maître Vigneron (père), huissier établi à Montbéliard. Celui-ci aime beaucoup les chiens et les chevaux et connaît bien Lucien JEANNET. Rendez-vous pris, tous se retrouvent à la gare de Voujeaucourt et Maître Vigneron dénoue l'affaire par la plus inattendue des solutions : c'est lui qui va avancer personnellement l'argent afin de récupérer les chevaux. Lucien le remboursera ensuite.
C'est donc un huissier qui paya momentanément de sa poche pour que les GRUSS-RICONO aient
leurs
chevaux !
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Quelques temps après, Lucien s'arrange avec les Demoiselles Beucler, de Bart, pour louer les habitations et les spacieux bâtiments vides de l'ancienne Distillerie Paul Beucler (route de Voujeaucourt). Cette célèbre distillerie fabriquait toutes sortes de boissons, du sirop à l'absinthe en passant par la limonade, le vin amer et la spécialité locale "La Montbartine".
Ce sera la première remise GRUSS-JEANNET
Nos artistes peuvent y vivre correctement, répéter sans soucis, préparer la saison et regrouper le matériel entreposé en divers endroits du Pays de Montbéliard.
Et c'est ainsi qu'Alexis et Lucienne GRUSS avec leurs enfants, André et Maud GRUSS, Hélène GRUSS (la soeur aînée d'Alexis et André) avec son mari Alexandre RISNICK, Robert et Odette JEANNET, Philippe et Suzanne RICONO, devinrent des habitants de Bart-sur-le-Rupt pendant les premiers mois de l'année 1943.
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Enfin le long hiver Franc-Comtois se termine et laisse la place aux premières perce-neige annonciatrices du printemps.
Les décisions de base sont prises en ce qui concerne les documents officiels, le Registre du Commerce et le rôle de chacun : Lucien JEANNET et Alexis GRUSS seront les deux décideurs-directeurs-propriétaires, André GRUSS sera le directeur technique, Robert JEANNET sera responsable de la Caisse, Philippe RICONO sera responsable des animaux, le choix des numéros et l'agencement du Programme seront faits par Alexis et Lucien.
Concernant la recette, Lucien et Alexis en décident ainsi : chaque jour, une fois tous les frais payés, ils se partageront en deux parts égales ce qui restera. Cette décision fut appliquée jusqu'en 1955. Dès 1956, André les rejoint dans l'association et les bénéfices furent partagés en trois parts égales. Nous en reparlerons dans quelques chapitres.
Les documents sont déposés puis le "vrai" travail commence.
Il faut organiser la tournée, contacter les villes, faire les affiches, prendre les assurances, établir les contrats des artistes, des musiciens, des commis, des chauffeurs... Obtenir des accords avec la banque... Obtenir les autorisations nécessaires - entérinées par l'Occupant - pour voyager librement avec les convois, engager du personnel, conserver les chevaux, avoir plus de tickets de rationnement pour la nourriture et l'essence... C'est un travail démesuré réalisé par Lucien JEANNET qui est seul à s'occuper de toute cette partie ; preuve que l'amour du cirque et la force de l'amitié donnent des ailes car rendons-nous bien compte que ce qui paraît si simple aujourd'hui est une véritable gageure en 1943, en plein milieu de la Deuxième Guerre Mondiale, sous un régime nazi qui a autre chose à penser que la création d'un cirque.
Il faut aussi préparer le matériel, réviser et repeindre les véhicules, revoir les gradins, penser aux barrières, trouver les matériaux nécessaires... et là, André GRUSS - qui n'a que 24 ans - prend tout en mains et s'occupe de cette section avec zèle et enthousiasme.
Quant aux répétitions familiales et à la mise en place du spectacle, elles s'effectuent quotidiennement sous la maestria d'Alexis GRUSS (1).
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Il est intéressant de noter que chacun de nos trois amis trouva naturellement sa place, dès l'origine : Lucien JEANNET à l'administration et à la finance, André GRUSS à l'organisation technique et au parc automobile, Alexis GRUSS à l'enseignement, au spectacle et bien sûr à l'art équestre.
Outre cela, chacun possède une multiplicité de talents : Lucien est dresseur, chanteur, présentateur ; André est clown (l'auguste Dédé), musicien, écuyer voltigeur ; Alexis est dresseur de chevaux (il deviendra Maître-écuyer), écuyer voltigeur, clown blanc.
Ils se comprennent, se complètent, s'unissent à la perfection.
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Printemps 1943.
Un à un les ternes véhicules - rassemblés en 1942 - ont quitté leurs granges froides pour gagner la remise de Bart et être métamorphosés en rutilants véhicules de cirque décorés des lettres "GRUSS-JEANNET" !
Dans la cour de la distillerie on déballe le matériel du cirque afin de le repeindre : mats, corniches, gradins, crémaillères, chaises... Puis on monte le chapiteau, un 22 x 24 mètres. Du fait de sa petite taille, la piste ne peut pas avoir plus de 11 mètres de diamètre (au lieu des 13 habituels) ; cela est difficile pour travailler mais nos artistes y réussissent avec brio (2)... On déroule l'entourage et... stupéfaction... on se rend compte qu'il n'est composé que de "tacons" (petits morceaux de toiles diverses). Il n'est qu'un assemblage de morceaux de tissus de tailles et de couleurs différentes servant à masquer l'extrême usure de la toile d'origine.
Ce chapiteau fut probablement l'unique exemplaire international avec un entourage réalisé en patchwork !!
Le
monde du cirque se révèle à la petite Arlette JEANNET. Alexis et
Lucienne GRUSS l'invitent souvent à manger et c'est à bicyclette
qu'elle fait allègrement les 4 kilomètres pour aller retrouver ses amis circassiens.
Le soir, à la maison, Lucien JEANNET prépare les commentaires pour mettre en valeur les artistes, le déroulement du Programme et la publicité.
Pour cette première année circassienne, en homme
prudent, il décide de partir sans son
épouse. Il lui demande de rester seule à Bavans et de continuer
d'exercer sa profession de sage-femme car "On ne sait jamais, si la saison ne marchait pas". Nous sommes tout de même en pleine guerre
mondiale et personne ne peut dire ce qui va se passer.
Par contre, il emmène leur fille, Arlette, qui va profiter ainsi de
huit mois de vacances avec le consentement du directeur de l'école de
Bavans. Pas de problème !
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Tout le Pays de Montbéliard, désormais au courant, est captivé par la création du CIRQUE GRUSS-JEANNET. L'émoi du départ n'en devient que plus intense.
Les convois sont préparés. Il y en a moins d'une dizaine soit environ 20 véhicules tout confondu. La plupart des camions sont des "gazos" qui fonctionnent au charbon de bois en remplacement de l'essence. Lucien JEANNET et sa fille logent dans un petit camping tout rond prêté par Marthe TAILLEFER (la soeur cadette d'Alexis et André). Odette et Robert JEANNET sont dans la verdine-caisse. Lucienne et Alexis GRUSS se retrouvent dans une drôle de petite caravane en forme de "trapèze isocèle". Maud et André GRUSS et le reste de l'équipe se retrouvent dans d'autres verdines surannées mais si bien rafraîchies qu'elles sont devenues belles.
En ce qui concerne l'itinéraire, notre trio décide de ne pas débuter sur place - dans l'hypothèse d'un four - mais en Lorraine (que les GRUSS connaissent bien depuis leur enfance). C'est la coquette ville de Remiremont qui est choisie pour les débuts, suivie de Thaon-les-Vosges, Charmes, Bayon et, sans hésitation, Nancy !
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Cinq heures du matin... Le soleil se lève à peine... On met en marche les camions... Les convois s'ébranlent lentement et prennent leur premier virage en sortant de la remise... Le coeur de nos amis tapent fort... Ils sont émus.
Le CIRQUE GRUSS-JEANNET débute son histoire, aujourd'hui devenue légendaire.
De Bart à Remiremont, il y a une centaine de kilomètres. La route est très belle mais 1,2 km plus loin - à Sainte Suzanne - le premier camion-gazo tombe en panne !!
Le cirque est immobilisé et passe la journée sur place. Dans la soirée, tout est rentré dans l'ordre grâce à André GRUSS qui a fait des merveilles et à Lucien JEANNET qui a écumé le pays à bicyclette pour trouver de l'huile moteur au marché noir.
Le lendemain, on repart pour de bon.
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Remiremont. Le chapiteau est monté. Les GRUSS-JEANNET rayonnent de bonheur.
Les artistes engagés les ont rejoints de même que les musiciens et, justement, parlons un peu de ces derniers.
A Paris, les nazis réquisitionnent les jeunes français afin de les envoyer travailler en Allemagne. Quel que soit leur métier, ils partent. Or les orchestres parisiens débordent de jeunes talents qui ne veulent pas être embarqués. Quelle solution ? : se cacher. Où ? : dans un cirque itinérant !
Et c'est ainsi que, durant toutes ces années de guerre, l'orchestre du CIRQUE GRUSS-JEANNET se composa uniquement de virtuoses provenant de Radio-Paris, des Concerts Lamoureux, des grands music-halls parisiens. Ils étaient habillés en blanc avec de superbes culottes de cheval et des bottes de cuir.
Imaginez la classe et la qualité musicale de l'orchestre.
Dans la formation, deux musiciens chantent très bien et Lucien les sollicite pour interpréter les dernières chansons à la mode tandis que les spectateurs entrent sous le chapiteau. C'est inédit et totalement apprécié.
Le soir, c'est la Première des Premières ! Le spectacle est formidable, le succès est total et le bouche à oreille commence de fonctionner à merveille.
Après les Vosges et une incursion en Meurthe-et-Moselle, notre grande famille du cirque visite l'Alsace puis arrive en été dans la région de Belfort-Montbéliard.
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Jeudi 15
Juillet 1943 : le CIRQUE GRUSS-JEANNET est monté sur la Place du Champ
de Foire de Montbéliard. Les réservations sont bonnes. Il y a la queue
devant l'unique guichet de la Caisse tenue par Robert JEANNET. Tous les
Montbéliardais se réjouissent à l'avance de voir le spectacle. Le
nombre des curieux ne cesse d'augmenter autour du fier petit chapiteau
et tous attendent la soirée avec impatience.
Le temps est beau. Le ciel est entièrement bleu. L'Allan - la rivière qui traverse Montbéliard - longe la Place sur un côté et ses roseaux balancent doucement leur épi sous la chaleur du soleil. Les pêcheurs sont au rendez-vous. L'ambiance est paisible et détendue.
20 heures. Le chapiteau est plein à craquer. L'orchestre attaque magistralement et les GRUSS-JEANNET se donnent sans partage à leur public jusqu'au défilé final. Quelle soirée !
Comblés
d'applaudissements, ils démontent le chapiteau puis rentrent dans leurs verdines avec la
satisfaction du travail bien fait. Le public se disperse dans la
tiédeur de la nuit, avant le couvre-feu.
Il est minuit. Le clair de lune est magnifique. Il fait doux. Ce vendredi 16 Juillet s'annonce bien.
Vers 0 heure 15, l'effrayant hurlement d'une sirène transperce la nuit en donnant la chair de poule. On entend une escadrille d'avions alliés se rapprocher, on les reconnaît au bruit de leurs moteurs. Ils tournent au dessus de la ville. Leur vrombissement fait trembler le sol.
André GRUSS et quelques hommes du cirque sont aux aguets, autour des convois déjà formés.
Des milliers d'habitants pensent en même
temps : "C'est pour nous".
Soudain une explosion déchire les tympans et une monstrueuse fournaise s'élève à 1500 mètres de là : l’aviation alliée bombarde Sochaux et les usines Peugeot.
Les premières bombes tombent à l'emplacement actuel du Stade Bonal. Des fusées éclairantes illuminent le ciel. Le bombardement commence. La DCA Allemande se met à tirer de partout. En un clin d'oeil, le ciel s'embrase et devient un champ de bataille rouge sale mêlé d'épaisses fumées et d'éclats meurtriers. 500 tonnes de bombes écrasent la ville et les usines.
Vingt minutes après, alors que les avions s'éloignent, 125 corps sont broyés sous les décombres et plus de 300 blessés attendent d'être secourus. La guerre - la honte des peuples - a encore porté ses fruits de mort et de désolation.
Le
calme revenu, les uns après les autres se relèvent lentement, maculés
de "volumineuses" taches brunes. Quelle odeur !
Sochaux est en flammes. On constate que Montbéliard n'a pas été touché.
Lucien aperçoit son frère Robert - le comptable du cirque -
encore tremblant et avec un gros oreiller pressé contre lui. "Qu'est-ce
que tu fous avec çà Robert ? " ... "C'est la recette ! " ... Ne voulant
rien laisser dans la Caisse, Robert avait pris sa taie d'oreiller et
l'avait remplie avec l'argent de la billetterie avant de s'enfuir !!
La désolation est totale. Les GRUSS-JEANNET s'unissent à la souffrance des habitants puis, en remerciant le Ciel d'être encore en vie, ils s'en vont avec leurs quelques convois à Héricourt, leur prochaine ville-étape.
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Quelques jours et quelques villes après, ils quittent le département du Doubs pour aller en direction du Jura.
C'est là, à Mouchard, près de Salin-Les-Bains, qu'ils tissent leurs premiers liens très cordiaux avec Serge Labourier, constructeur des célèbres camions LABOURIER. Cette entreprise a déjà fabriqué des véhicules pour d'autres cirques, dont Pinder. Après avoir vu le spectacle des GRUSS-JEANNET, Monsieur Labourier est enthousiaste et accepte de leur vendre quatre camions avec un paiement tardif et en toute confiance. Il n'aura pas à le regretter car nos amis devinrent de fidèles clients Labourier.
A la fin de l'automne, ils concluent en beauté leur tournée inaugurale et rentrent au Pays de Montbéliard où les attend la remise-distillerie de Bart.
Ils ont déjà la tête pleine d'idées nouvelles pour la saison 1944 !
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Petit problème : si la remise de Bart est vraiment bien pour les véhicules et le matériel, les bureaux transformés en logement sont trop inadaptés pour y vivre en famille.
Lucien JEANNET en parle à son ami Ernest Lelache - le Maire de Bavans - qui lui propose de louer l'habitation et les bâtiments de l'ancien moulin du village, construit au bord du Doubs, afin d'y installer les GRUSS. Ils y seront à l'aise, auront la place pour répéter, tout en étant à 500 mètres de la maison des JEANNET.
Ce moulin est malheureusement vide car la famille qui y logeait - les Elkann, d'origine Juive - a été déportée par les nazis en 1942.
C'est donc une grande famille du cirque qui arrive à Bavans pour y passer de nombreux mois.
Ce sera la deuxième remise GRUSS-JEANNET, complémentaire à celle de Bart.
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En cette première année du CIRQUE GRUSS-JEANNET, Lucien JEANNET a 41 ans, Alexis GRUSS a 34 ans et André GRUSS a 24 ans.
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(1) Précisons-le pour les jeunes lecteurs, il s'agit d'Alexis GRUSS "Senior" (1909-1985), l'oncle d'Alexis GRUSS "Junior" (1944) qui est l'actuel directeur du CIRQUE NATIONAL ALEXIS GRUSS (www.alexis-gruss.com).
(2) C'est en 1768 que le sergent-major anglais Philip Astley a défini le diamètre idéal d'une piste de cirque : 40 pieds soit un peu plus de 12 mètres. Cela correspond à 2 fois la longueur d'une chambrière tenue à bout de bras, lanière déployée (6m à 6,50m). Astley est au centre, en maître de manège, il déploie sa chambrière et définit l'espace scénique circulaire autour de lui ; la dimension lui convient : la piste de cirque définitive et universelle était née. Généralement, les pistes font toujours entre 12 à 13 mètres de diamètre mais il peut y avoir des exceptions telle notre petite piste GRUSS-JEANNET de 11 mètres : il est difficile d'y travailler car les artistes peuvent prendre moins d'élan pour leurs sauts et ils doivent sérieusement faire attention.
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Copyright textes et photos - Dépôt BFZT195 - Joël Rehde
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Wow, this paragraph is nice, my sister is analyzing these things,
so I am going to tell her.
Rédigé par : cirque du soleil | 31 janvier 2013 à 01:17